Comment sortir de la tristesse face au décès ? 3 pistes pour réussir son deuil

La perte d’un être proche est une expérience bouleversante pour chacun d’entre nous. Cette confrontation à la mort est un choc et fait souffrir mentalement. Il nous faut alors vivre avec un nouveau manque, une absence ou encore une séparation, et accepter de vivre avec nos souvenirs tout en sachant que : ce qui a été ne se poursuivra plus. C’est ce qu’on appelle alors : faire son deuil. Le deuil est propre à chacun. Il s’agit d’une vraie blessure intérieure qui a besoin de temps pour cicatriser. Chacun vit la perte de façon différente et à une intensité différente.

Concrètement, c'est quoi le deuil ?

Le mot deuil vient de « Dolere » qui signifie souffrir en latin. Le deuil désigne alors la souffrance vécue lors de la perte d’une personne, d’un objet, ou encore la souffrance vécue lors d’un changement brutal dans la vie ou dans l’état de santé. Il s’agit donc d’une réaction affective qui nécessite un travail psychique et émotionnel. Lorsque l’on parle de « faire son deuil » on sous-entend que ce travail psychique et émotionnel est conscient et nécessaire afin d’accepter la perte.

Le deuil réactive des pertes, des séparations et des souffrances vécues par le passé. Il mobilise les acquis et les ressources de la personne endeuillée. L’histoire de vie de la personne, sa sensibilité, son lien avec la personne défunte, auront un impact sur la durée du deuil ainsi que sur la perception et le vécu de cet évènement. Le cheminement du deuil est donc un processus unique pour chacun.

Parfois, le fait d’être en deuil peut s’accompagner :

  • D’une dépression
  • De sentiments de culpabilité
  • Troubles du sommeils (cauchemar, insomnies)
  • Grande fatigue
  • Difficulté de concentration (pensées obsédantes, ralentissement de la pensée, etc.)

Quels sont les étapes types par lesquelles nous passons lors du travail du deuil ?

De nombreux scientifiques se sont intéressés au processus du deuil et à ses conséquences. A cet effet différents modèles théoriques existent pour exposer les étapes liées au deuil. La plupart de ces modèles ont vite des limites dans la mesure où ils évoquent le deuil comme un processus linéaire alors que nous savons que le deuil est un processus alternant phases d’émotions intenses et phases de répit. Malgré ces divergences théoriques, les auteurs s’accordent tout de même sur 3 grandes périodes : un début, une période centrale et enfin le terme du deuil. A cet effet, nous allons nous attarder sur ces 3 grandes périodes. 

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1– L’Etat de choc

 

« Ce n’est pas possible », « j’ai du mal à me rendre compte qu’il/elle n’est plus là », etc.

 

Ce choc peut s’apparenter à un état de sidération qui met nos fonctions psychiques sur pause. Nos affects se retrouvent anesthésiés, nos perceptions émoussées, et notre organisme est comme paralysé physiquement et intellectuellement (Bacqué, Hanus, 2000).

 

Cette phase s’accompagne souvent de colère, de déni, d’angoisses et de culpabilité. Tous ces sentiments sont humains mais pas forcément légitimes.

 

–  Le déni est un mécanisme de défense de notre organisme dans lequel on ne conscientise pas la perte dans sa réalité.

 

–  La colère peut être le signe du début de la prise de conscience de la réalité et s’apparente à une décharge d’un trop plein émotionnel.

 

–  La personne endeuillée revit le moindre de ses actes en lien avec le défunt et se reproche l’impossible. La culpabilité et les remords apparaissent alors car on sait que le vécu ne peut plus être modifié, on se dit qu’on aurait pu faire plus, être plus présent, être plus attentif, etc. Parfois la culpabilité est un moyen de rester attaché d’une quelconque manière à la personne disparue : « tant que je souffre de la perte c’est que la personne est toujours là au fond ».

 

–        Les angoisses pouvant survenir du deuil sont généralement liées à l’angoisse de séparation causée par la rupture du lien entretenue avec la personne disparue.

2– La phase dépressive


a) L’expression du chagrin


Les jours qui suivent l’annonce de la perte, une profonde tristesse nous envahit. Cette peine que nous vivons durant ces instants de nos vies nous semble parfois insurmontable voire interminable. C’est comme-ci nous avions perdu une partie de nous-même. C’est également une désorganisation, de notre vie, de nos projets, et de notre quotidien.

 

Les symptômes de cette phase sont similaires à la dépression : grande fatigue, troubles du sommeil, troubles cognitifs, démotivation etc.

La personne défunte est souvent omniprésente dans nos pensées. Nous repensons à tous les moments vécues avec celle-ci et les moments que nous ne pourrons pas partager avec elle dans le futur. 


b) La reconstruction des souvenirs


Notre esprit reconstruit et repense la relation vécue avec la personne défunte. Cela nous permet de repenser le lien avec celle-ci et de le modifier. Comme dit précédemment, nous repensons aux évènements vécues avec le défunt et en faisant cette exercice nous apprenons à regarder ces souvenirs avec un nouvel œil et à les investir différemment. La relation vécue avec cette personne n’est alors plus physique mais toujours existante au travers de nos souvenirs et notre cœur.

De plus, les rites et cérémonies mis en place à travers notre culture nous aident à accepter cette nouvelle distance

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3 – Achèvement du deuil 

 

Le deuil s’achève lorsque la personne endeuillée peut parler du défunt sans s’effondrer, peut regarder des photos de celle-ci, écouter de la musique en lien avec le défunt, etc. En effet, accepter la possibilité de profiter à nouveau de la vie serait le signe d’un travail de deuil réussi. « Réaliser un deuil, c’est remplacer une absence affective par une présence intérieure. » (Mignot, 2002, p.23). 

Notre univers s’ouvre à un réaménagement, nos souvenirs sont classés, les affaires appartenant au défunts peuvent être donnés, etc. Ces changements provoquent parfois un sentiment de joie et de liberté, souvent vécus avec une certaine culpabilité au début mais progressivement accepté. (Bacqué et Hanus, 2000)

Combien de temps pour faire son deuil ?

Nous avons décrit les phases du deuil selon un modèle assez généraliste dans la mesure où il est facilement applicable à un maximum de personnes. ll faut garder à l’esprit que faire son deuil est un travail de tous les jours, nous ressortons différents de cette épreuve et continuons à travailler le deuil tout au long de notre vie. En effet, lorsque nous sommes confrontés à nouveau à une perte quelle qu’elle soit, nous revivons les deuils passés et continuons à les “travailler”.

Nous l’avons dit précédemment, le deuil est un processus qui est unique à chacun et dont l’intensité est propre au lien et à l’attachement avec la personne défunte. Chaque deuil est donc différent, il n’y à pas de durée type d’un deuil. Celui-ci peut durer quelques semaines, comme quelques mois voire une année. 

3 Pistes pour se sentir mieux !

Accepter de vivre ses émotions

Le vécu émotionnel est au cœur du processus du deuil. Les souffrances et douleurs sont à la hauteur de l’importance de la perte. Le vécu du deuil est propre à chacun. Il est essentiel de vivre les émotions quelles qu’elles soient. Accepter la réalité de l’absence et accueillir ses émotions sont une première étape vers le travail du deuil. Laisser envahir la peine que l’on ressent peut parfois nous donner l’impression de ne pas avancer mais cela est faux. Les expressions sont le langage de l’inconscient et permettent de dépasser la situation.

 

Voici quelques exercices qui peuvent vous aider à accepter et accueillir vos émotions :

Prenez 5 minutes chaque jour afin d’écrire vos pensées et ressentis sans retenue, ou écrivez une lettre à la personne défunte et dites-lui le fond de vos pensées. Exprimez vos émotions dans cette lettre sans retenue. Déchargez-vous de vos pensées les plus oppressantes. Soyez indulgent avec vous-même. Vous n’êtes pas obligés de la relire… Une fois cette lettre terminée faites en ce que vous voulez, jetez là, brûlez là, gardez là, … 

Ces exercices vous permettent de diminuer votre charge émotionnelle en posant des mots sur les pensées qui vous envahissent, en sortant ces pensées parasites de votre esprit, et en identifiant clairement vos émotions. Tout cela vous aidera à prendre de la distance avec vos émotions, de les analyser et de les changer progressivement. L’écriture vous permet également de retravailler le lien avec la personne disparue d’une certaine façon en rendant la perte réelle

Prenez soin de vous !

Réservez-vous des moments rien que pour vous. Faites des activités qui vous apaisent et pour lesquelles vous prenez plaisir. Il peut s’agir de lecture, de dessin, de la peinture, de cuisine, du sport, etc. Imposez-vous un timing pour faire ces activités. Ne soyez pas trop exigeant avec vous-même, vous risqueriez de ne pas tenir cet objectif et in fine de vous démotiver. Commencez par 10 min par jour, ou 30 min 2 fois par semaine, Il n’y a pas de règle mais il faut absolument que cela soit facilement réalisable. Vous pourrez par la suite augmenter progressivement le temps accordé à ces activités.

 

Prendre soin de soi, c’est également prendre soin de son corps. Pour cela un exercice physique est fortement recommandé. En effet, la pratique sportive permet de diminuer le stress, de réduire la fatigue, et améliore l’humeur. Lors d’une pratique sportive, la mise en mouvement du corps sécrète de l’endorphine, une hormone que l’on appelle également l’hormone du bonheur. Vous n’aimez pas le sport? Pas grave, une simple marche suffit! Même 10 minutes ce sera suffisant pour enclencher ce processus. L’activité sportive est donc à effectuer sans modération pour améliorer votre bien-être!! 

 

Sortez et prenez l’air! Selon certaines études, être souvent à l’extérieur permet de réduire l’anxiété, le stress, les symptômes de la dépression, etc. bref cela va améliorer votre humeur sur le long terme. Il n’y a pas grand-chose à faire, juste prendre l’air!

Vous l’aurez compris, faire un exercice sportif à l’extérieur c’est double bénéf!

 

La relaxation et la méditation sont également des pistes à explorer. Méditer sur la perte et réfléchir à son impact sur nous, nous permet de prendre de la distance sur la situation. La relaxation permet de dénouer les tensions musculaires et d’améliorer la qualité du sommeil. Sur le plan émotionnel, ces exercices favorisent l’expression et la libération des blocages dues aux émotions. Comment faire ? Il y a peut-être des séances dans votre ville avec un/une professionnel(le) ? Sinon il existe des applications et également des vidéos sur Youtube proposant des exercices de relaxation et de méditation. Alors foncez! 

La psychothérapie

Face à la perte, c’est toute votre dynamique relationnelle qui est bouleversée et vous allez devoir mettre en place certains processus afin de panser vos plaies. Parfois le deuil réactive même d’anciennes plaies qu’il va falloir soigner également.  La psychothérapie peut vous aider dans le travail du deuil. Le thérapeute vous accompagnera et vous soutiendra au cours de ce travail jonché d’étapes. La psychothérapie vous aidera à accepter la réalité tout en vivant et identifiant vos émotions. Il s’agit là d’un véritable travail couplé d’un soutien important.

 

d’autres pistes qui peuvent vous aider à diminuer votre état de peine : Le yoga, l’hypnothérapie, la sophrologie, La visualisation etc. 

Bibliographie : 

Bouchicha, K. (2019). Le deuil. Un concept et des modèles théoriques. Revue Psychologie N°26, pp. 55-65.

Camille, B.-C. (2004). Le Deuil : aspects cliniques, théoriques, thérapeutiques. Dans A. Bercovitz, Accompagner des personnes en deuil (pp. 15-37). Toulouse: Erès.

Fauré, C. (2018). Vivre le deuil au jour le jour. Albin Michel.

Philippin, Y. (2006). Deuil normal, deuil pathologique et prévention en milieu clinique. InfoKara 2006/4 (Vol. 21), pp. 163-166.

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